Que nous apprend le dernier rapport du COR ?
Le dernier rapport du Conseil d’Orientation des Retraites (COR), paru en septembre 2022, présente des données objectives et des projections sur l’évolution du système de retraite par répartition en France. Il montre, notamment, que le système de retraite français ne devrait pas présenter de déséquilibre financier majeur au cours des années à venir, tout en soulignant la baisse à venir du niveau de vie relatif des retraités.
Qu’est-ce que le COR ?
Créé en 2000 et rattaché aux services du Premier Ministre, le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) a pour mission principale d’analyser et de suivre les perspectives à moyen et long termes du système de retraite français. Il produit notamment des projections permettant d’étudier, à partir de différentes hypothèses portant sur des évolutions démographiques, sociales et économiques, la viabilité financière du système de retraite par répartition actuellement en vigueur en France. Le COR peut, enfin, émettre des recommandations de politique économique afin de garantir l’équilibre à long terme du système.
Dans un système de retraite par répartition (comme celui utilisé en France), les pensions de retraite sont financées par les cotisations versées par les actifs. Un tel système intègre donc une solidarité immédiate entre les générations. Dans un système de retraite par capitalisation, au contraire, chaque individu épargne pour sa propre retraite.
Afin d’analyser la trajectoire du système de retraite actuel, le COR considère le cadre législatif actuel comme donné et formule différentes hypothèses, notamment quant aux évolutions de la population, de la productivité du travail et du taux de chômage. Cela lui permet de d’esquisser plusieurs scenarios. Ces évolutions influencent, en effet, directement l’équilibre du système de retraite, à travers notamment le nombre de cotisants et de retraités. Les projections démographiques de l’INSEE montrent, par exemple, le caractère inéluctable du vieillissement de la population française. En conséquence, l’institut prévoit que le rapport de dépendance démographique augmentera de plus de 19 points de pourcentage d’ici 2070, passant de 37,4 à 56,8 %.
Le rapport de dépendance démographique est un ratio entre le nombre de personnes de 65 ans ou plus, qui sont le plus souvent retraitées (et donc « dépendantes » des actifs), et le nombre de personnes de 20 à 64 ans.
Retraite : un système globalement à l’équilibre
Selon le COR, le système de retraite devrait enregistrer un excédent en 2022, dans la continuité de l’année 2021 (+ 900 millions d’euros). Pour les années suivantes, les projections du COR font état d’un léger déficit du système de retraite. Selon les hypothèses retenues, ce déficit serait compris entre 0,5 et 0,8 point de produit intérieur brut (PIB) en moyenne d’ici 2050.
De fait, les dépenses de retraite, mesurées en pourcentage du PIB, devraient être contenues. Dans aucun scénario étudié, le ratio dépenses de retraite sur PIB ne diverge en effet par rapport à son niveau actuel, soit 13,8 %. Plus précisément, il devrait être compris en 2070 entre 12,1 % (scénario d’une croissance forte de la productivité du travail à hauteur de 1,6 % par an) et 14,7 % (scénario d’une croissance faible de la productivité du travail égale à 0,7 % par an).
Baisse du niveau de vie relatif des retraités
Par ailleurs, les projections du COR mettent toutes en évidence une baisse future du niveau de vie relatif des retraités. Le niveau de vie moyen des retraités rapporté à celui de l’ensemble de la population, actuellement de 101,5 % passerait, en effet, à une fourchette comprise entre 75,5 % et 87,2 % en 2070 (selon l’hypothèse retenue quant à l’évolution de la productivité du travail).
Cette baisse du niveau de vie relatif des retraités traduit le fait que, quelle que soit l’hypothèse retenue en matière d’évolution de la productivité du travail, les pensions moyennes de retraite croîtront, à un rythme inférieur à celui des revenus d’activité. Elle est la conséquence directe du vieillissement de la population couplée à la stagnation de la part des dépenses du système de retraite dans le PIB. Sur ce point, le rapport du COR conclut : « il ne revient pas au COR de se positionner sur le choix du dimensionnement du système de retraite. Selon les préférences politiques, il est parfaitement légitime de défendre que ces niveaux sont trop ou pas assez élevés, et qu’il faut ou non mettre en œuvre une réforme du système de retraite […] En revanche, les résultats de ce rapport ne valident pas le bien-fondé des discours qui mettent en avant l’idée d’une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite ».